Formateur

Formateur : Les techniques du coaching au service de la pédagogie

A travers une expérience personnelle, Frédérique Tamagne, experte en formation de formateur, nous présente comment mettre en pratique les techniques du coaching au service de la pédagogie.

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Une histoire de formateur

La dernière année de l’école primaire alors que j’étais en échec sur le plan scolaire, j’ai eu la chance d’expérimenter l’efficacité de la posture de coach qu’emprunta Mme Chambrion, mon institutrice. A la suite d’une longue maladie qui allait me pénaliser davantage il fut convenu qu’elle me donnerait quelques cours particuliers. Dès la première heure passée ensemble tout a changé pour moi !

Ma bête noire étant l’orthographe, elle m’invita, comble de l’horreur à une dictée ! Je m’ennuyais comme habituellement quand, à la fin de la dictée, elle s’assit à côté de moi et me dit « regardons ensemble ce que tu as écrit ».

C’est curieux comme ce simple geste suscita mon intérêt ! La maîtresse me semblait beaucoup moins intimidante maintenant qu’elle était assise à côté de moi !

Elle fit glisser son stylo sur la ligne et très vite il s’arrêta sur un verbe.
– Pourquoi as-tu mis un « e » à tu manges ?
– Parce que j’ai deviné.
– Comment as-tu fait pour deviner ?
– Comme ça, c’est sorti de ma tête.
– Pour bien écrire l’orthographe tu ne peux pas juste deviner tu dois réfléchir.

Elle marqua un silence qui me sembla très long.

– De quel groupe est le verbe manger ?
– Du 1er groupe.
– Bravo c’est bien, là tu as réfléchi, tu vois ça change tout !
– Récite-moi un verbe du 1er groupe avec les terminaisons.

Alors là je peux vous dire que mon excellente mémoire s’en est donné à cœur joie : je … tu chantes « es »… Quand j’arrivai à ils ou elles…, elle me dit c’est bien c’est tout à fait ça. Tu sais beaucoup de choses qui vont t’aider à réfléchir !

Profitant du silence je me nourris de ces félicitations qui étaient, pour moi, une denrée rare. Puis elle reprit, « alors tu manges ? »

Je m’en souviens encore comme si c’était hier, j’ai regardé ce que j’avais écrit, je l’ai regardée l’air interrogateur et j’ai dit timidement « e. s » !

« Oui bravo ! Tu as compris, tu viens de réfléchir ! » Elle était vraiment heureuse de ma prouesse et j’ai senti comme si cela vacillait en moi. J’ai eu instantanément la conviction que plus rien ne serait comme avant, puisque maintenant je savais réfléchir, j’ai pleuré de joie ; elle était émue et riait.

Voyons les stratégies propres au coaching qu’intuitivement Mme Chambrion mit à mon service pour me faire progresser en un temps record :

• Une présence et une proximité respectueuses et rassurantes,
• Une posture d’égal à égal ou enseignant et élève sont assis côte à côte et regardent dans la même direction,
• Un questionnement (maïeutique) qui invite celui qui apprend à réfléchir et à trouver ses propres solutions ce qui favorise les acquisitions,
• L’art de la « confrontation douce » mais factuelle,
• Une écoute sachant ménager des silences,
• Des signes de reconnaissance positifs et encourageants dits avec congruence,
• Une capacité à partager les émotions qui surgissent.

Le formateur facilitateur

Le formateur facilitateur qui exploite les méthodes actives résumées sur le côté droit du triangle pédagogique ci-dessus, utilise, immanquablement, sans le savoir, des techniques utilisées au cours de séances de coaching. Celui qui les manie avec conscience et justesse augmente sa pertinence, sa cohérence interne et favorise, pour tous, la spirale de la réussite.

Au début de toute action de formation, le formateur gagne à créer l’alliance avec le groupe et à « co-construire » le contrat pédagogique.  En s’ouvrant à l’émergence, il amorce le circuit de confiance qui engendre la dynamique de progrès et l’intelligence collective.

Tout au long des interventions le formateur développe la performance s’il :

– crée des situations apprenantes au cours desquelles le stagiaire, acteur de ses apprentissages, découvre, expérimente, affine les habiletés attendues,
– s’intéresse aux processus mis en œuvre individuellement ou collectivement, afin de s’adapter plus finement à la grande variété des profils d’apprenants,
– effectue des retours constructifs qui stimulent et invitent au dépassement de soi,
– tire parti de l’hétérogénéité des groupes et fait vivre les savoirs,
– favorise et exploite avec subtilité les situations non directives propices à la recherche de voies novatrices adaptées à la spécificité professionnelle de chacun (constructivisme).