Formateur

La qualité du Blended learning vient de l’émulsion

Depuis quelques années, le blended learning a fait son entrée dans les dispositifs pédagogiques. Pour preuve une enquête réalisée pour le compte de Demos sur le sujet de l’utilisation du e-learning dans les entreprises du CAC 40 et du SBF 120, « ce dispositif (…) est relativement récent, puisque 44% des entreprises interrogées déclarent qu’elles ne l’utilisent que depuis moins de deux ans ». Ces résultats influent donc largement l’action du formateur.

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Le blended learning : Un nouvel outil à la disposition du formateur

Le blended learning se définit comme une combinaison de formation en présentiel (face-à-face) et à distance. Encore faut-il savoir comment obtenir le mix optimal entre ces éléments. C’est là l’enjeu pour le formateur.  La prolifération des approches suggère qu’une part d’incertitude entoure la valeur réelle des réponses apportées jusqu’ici à cette question. Il s’agit donc de prendre du recul et de mieux examiner ce qui se passe aujourd’hui sur le terrain du blended. Dans le cadre de la réflexion permanente en cours chez Demos sur notre expérience en tant que concepteurs de la transmission du savoir opérationnel, Denis Reymond nous propose de partir de l’opposition entre deux approches existantes que nous allons analyser : le blended juxtaposé, et le blended émulsifié.

La détermination de la forme blended optimale relève du domaine de l’ingénierie pédagogique, dont le rôle est avant tout d’identifier, puis d’agencer les facteurs clés d’une expérience de formation réussie pour nos clients. Ce travail d’analyse est en permanence stimulé et relancé par les résultats des projets réalisés, ainsi qu’au travers du partage de bonnes pratiques entre les formateurs.

Illustration concrète du rôle du formateur dans une démarche de Blended Learning

Prenons comme exemple, deux formations identiques sur le contenu et sur le public portant sur l’entretien d’embauche, mais présentant des différences de performance significatives :

•   La première formation était destinée à un grand groupe international, pour lequel notre formateur n’est intervenu que dans la partie présentielle, la partie e-learning ayant été réalisée par un concurrent. Aucune interaction ni lien possible entre les deux parties.

•   La seconde formation concernait une filiale du groupe qui nous avait demandé de développer un module e-learning spécifiquement adapté à ses besoins relayée par un module en présentiel  également dispensé par notre formateur.

Pour les deux formations, il était prévu que la formation en e-learning précèderait la formation en présentiel. Un troisième temps d’affinage était ensuite possible en retournant au module e-learning.

•   Étape 1 : e-learning : Représentations de connaissances génériques et de formes spécifiques à l’entreprise.  Cette 1ère représentation associe ce qui unit –le commun, “ce que je connais déjà”, et ce qui distingue : le particulier, “ce que je ne connais pas »
•   Étape 2 : présentiel : Intégration en situation des connaissances et formes (épreuve). Retravailler de manière intégratrice des concepts de la 1ère représentation.   Mettre à l’épreuve, confronter à la situation.
•   Étape 3 : e-learning : Compréhension affinée de l’ensemble

Les deux opérations furent lancées par une forte action de communication. En scrutant le taux d’utilisation du module e-learning, il s’avéra cependant que seuls 66% des participants aux formations en avaient au moins pris connaissance. Ce taux allait par la suite descendre encore plus bas, posant un problème redoutable pour le succès des formations en présentiel.

C’est ici que l’on peut contraster avec profit la situation des deux formations. Dans le premier cas, la décision fut prise par le formateur de condenser en un jour l’ensemble de la formation. Le résultat de cette solution a été jugé insatisfaisant à plus d’un titre : d’une part, le format était devenu épuisant et indigeste pour les participants, et d’autre part, on faisait regretter leur choix à ceux qui avaient pris le temps d’utiliser le module e-learning. L’échec du e-learning a donc été complet dans ce cas de blended learning juxtaposé dû au manque de lien étroit entre la formation blended et le présentiel.

Dans le second cas, la situation fut très différente. En effet, le formateur avait ici passé cinq jours à élaborer le contenu du module e-learning, et n’entendaient pas traiter à nouveau ces questions en présentiel. Ils ont donc expliqué aux participants qu’ils pourraient en savoir plus sur les points évoqués en allant consulter le module e-learning. Cette attitude conduisait en outre à valoriser les participants qui avaient déjà effectué la partie e-learning, et étaient donc en mesure d’établir des relations entre les éléments du présentiel vus avec le formateur et les éléments vus ailleurs. L’expérience de formation constituait ici celle d’un authentique blended learning émulsifié. Dans le cas de la filiale, le taux d’utilisation du module e-learning est rapidement monté à 80%. De plus, l’utilisation de ce module était récurrente et suggérait qu’il était devenu en peu de temps un cadre de référence pour tous les employés de la filiale.

Le blended learning peut ainsi être comparé à l’art de la réalisation d’une sauce en cuisine ou d’un appareil à pâtisserie : les bonnes conditions doivent être réunies pour qu’un tel dispositif cognitif « prenne » à l’intérieur d’une organisation.