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Le fonctionnement du cerveau : une clé essentielle pour manager intelligemment

Management d’équipe plus fluide, gestion de crise, atténuation du stress au travail… les apports des neurosciences peuvent considérablement augmenter l’efficacité et le bien-être en entreprise. Prendre conscience du rôle décisif joué par les émotions dans le fonctionnement du cerveau est crucial. Dans sa vie personnelle autant que professionnelle, la qualité des relations s’en trouve décuplée. Explications de Nadia Medjad, Docteur en médecine et coach, lors d’un Learning Circle organisé par Demos (Partie 2).
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​Quelles sont les bases du neuro-management ?

Le principe de base du neuro-management est avant tout de prendre en compte les émotions, les siennes et celles de ses interlocuteurs. Il a été démontré que le fait de nommer les émotions désagréables permet d’en diminuer l’intensité. Plus on le fait tôt, plus le centre exécutif peut reprendre le dessus et réguler le centre émotionnel. A l’inverse, nier ou refouler ses émotions ne fait que les renforcer. Il existe un effet de balance entre le centre exécutif et le centre émotionnel. Quand les émotions prennent le dessus, le centre exécutif ne peut plus fonctionner normalement ce qui peut conduire à prendre des décisions sans être en possession de toutes ses capacités neuronales, et notamment dans sa partie rationnelle. Il est donc important pour soi-même d’exprimer à l’oral ou d’écrire ses émotions. Dans ses contacts avec autrui, notamment ses collègues ou ses collaborateurs, il est important d’accueillir l’émotion en aidant parfois, et subtilement, à la formuler. Les émotions non formulées ne disparaissent pas pour autant. Au contraire, elles ne font que s’accumuler et peuvent alors déboucher sur des débordements. Sans compter qu’un contrôle excessif des émotions finit par priver de signaux précieux pour utiliser son intuition à bon escient.

Comment gagner en efficacité managériale en prenant en compte les émotions ?

Dès lors que l’on sait que l’irruption d’une émotion intense empêche de réfléchir correctement, l’urgence lors de tout échange houleux ou vif est de calmer les émotions en présence afin de rebrancher les facultés de raisonnement. Concrètement, cela signifie de faire des pauses au milieu d’une discussion pour prendre de la distance et éviter toute prise de décision hâtive. Le fait d’être excité et euphorique induit également un brouillage de ses capacités de jugement et de décision. En revanche il est démontré qu’une humeur positive favorise résolution de problèmes et la créativité.

Comment développer son attention à l’ère de l’instantanéité et du tout digital ?

L’attention est un bien extrêmement précieux, très convoité et donc vite dilapidé par la multitude de sollicitations reçues, notamment dans son cadre professionnel : e-mails, appels, publicités sur les sites internet, messagerie instantanée, textos, interpellations de ses collègues… Or le fait de manager son attention est la condition sine qua non pour comprendre, mémoriser et agir efficacement. Le sentiment d’être submergé d’informations est à son paroxysme à l’heure du tout numérique jusqu’à parler d’infobésité, comme le nomme Caroline Sauvajol-Rialland dans son ouvrage « Comprendre et maîtriser la déferlante d’informations ». Un cadre regarde ainsi ses e-mails en moyenne toutes les sept minutes et a huit écrans actifs en même temps. Or plus il y a d’informations à traiter, plus l’attention se disperse et se fragmente. La surcharge cognitive est très néfaste à l’efficacité. Il a été démontré par le chercheur en psychopédagogie, Olivier Houdé, que par une exposition grandissante aux écrans, le cerveau de la génération Z a gagné en vitesse et en automatisme, mais au détriment du raisonnement et du contrôle de soi.

Quels réflexes permettent de canaliser son attention et booster son efficacité ?

Il peut s’agir de bon sens de prime abord. Les neurosciences ont montré que ces habitudes influent sur l’efficacité professionnelle :
– Eviter le multi-tasking. Le fait de faire plusieurs choses à la fois donne l’impression erronée d’être plus efficace. Or l’on n’est jamais plus perspicace que lorsque l’on fait qu’une seule chose à la fois.
– Commencer sa journée par la réalisation d’une liste de tâches claires et les plus détaillées possible. Cela permet au cerveau d’intégrer les différentes étapes clés à venir, alors que le fait d’enchaîner les tâches sans les prioriser le laisse à la merci de l’environnement et de ses aléas.
– Réguler ses émotions. Le stress dévore l’attention et empêche de se concentrer sur les tâches à exécuter. Le sentiment de peur déclenche en effet dans le cerveau des réflexes de survie vitale et toute l’énergie est mobilisée dans cette direction. Le stress chronique déconnecte le cerveau exécutif indispensable aux activités professionnelles.

Comment l’entreprise peut-elle améliorer le bien-être au travail ?

Au-delà des bons réflexes qui relèvent de la décision de chacun l’entreprise peut transformer le cadre de travail pour faciliter le travail du cerveau :
– Multiplier les occasions de faire du sport en créant des rituels sportifs collectifs. Une heure d’activité physique le matin peut faire gagner jusqu’à quatre heures de productivité dans la journée.
– Permettre et favoriser une courte sieste de 15 à 20 minutes, de préférence après le repas pour retrouver des forces pour l’après-midi. Le cerveau se met de toute façon physiologiquement en veilleuse après le déjeuner.
– Planifier les temps d’échange stratégiques au moment de la journée pendant lequel les capacités du cerveau sont au top : première moitié de matinée et première moitié de l’après-midi. On a tendance à oublier que l’être humain est avant tout un corps qui a des besoins biologiques prioritaires. Et le cerveau s’occupe en premier lieu de ces besoins. Les signaux de la faim témoignent d’une hypoglycémie. Ils s’accompagnent d’une baisse de l’attention et de la mémorisation. Ils ne sont donc pas à négliger, pour soi ou pour les autres, lors de ses échanges professionnels.
Le fait d’apprendre à réguler son stress et à calmer ses émotions s’avère être un puissant atout pour son évolution professionnelle. Ce n’est pas une aptitude innée, elle fait appel à une forme d’intelligence particulière appelée intra-personnelle. Elle s’apprend et demande à développer de nouveaux réflexes.